En quoi l’Ayurvéda et le yoga sont-ils semblables ? En quoi sont-ils différents ?
Qu’est-ce que l’Ayurvéda et le yoga ont en commun ?
Outre (et de par) leur origine védique commune, l’Ayurvéda et le yoga partagent de nombreux principes et concepts. Les plus importants sont les suivants :
– Une approche holistique de l’individu et de son bien-être : tant pour l’Ayurvéda que pour le yoga, le parcours de vie d’un individu implique à la fois son propre corps, son esprit, ses émotions, son environnement et son entourage. Tout est lié, tout n’est qu’un.
– Prana : l’énergie vitale est au cœur de ces deux systèmes de connaissances. L’Ayurvéda vise à ce que celle-ci soit fluide (notamment par une bonne circulation du sang) et à stimuler la vitalité au sein de l’organisme par le biais d’une alimentation fraîche et de saison. D’autre part, les techniques de respiration reprises dans le pranayama constituent à elles seules l’une des huit branches essentielles du yoga. Dans son approche thérapeutique, l’Ayurvéda inclut et recommande par ailleurs la pratique du yoga (asanas ou postures, pranayama et méditation).
– L’importance de l’ahimsa (non-violence) et de la conscience : valeur essentielle aux deux sciences, la non-violence dicte aussi bien les préceptes spirituels yogiques que les recommandations alimentaires de l’Ayurvéda. Au sens strict du terme, ni le régime yogique, ni le régime ayurvédique ne sont végétariens : leur philosophie promeut toutefois un régime visant le développement de l’esprit, l’équilibre et le bien-être dans le but de développer sa croissance spirituelle et d’atteindre la pleine conscience. Pour cela, l’Ayurvéda recommande un régime où les fruits, les légumes et les céréales prédominent et la consommation de viande rouge est réduite. Il est dit par ailleurs que pratiquer le yoga sans conscience mène à se blesser. Le faire en toute conscience invite par contre l’individu à s’observer soi-même, à apprendre à mesurer ses forces, à reconnaître ses faiblesses et à trouver un équilibre dans toutes ses actions et pratiques.
– L’évolution de chaque individu est unique : il y a autant de parcours que de personnes différentes. En Ayurvéda, on considère que le chemin de santé, les besoins, les ressources et l’environnement de chaque personne est unique. Tout diagnostic prend systématiquement tous ces facteurs en compte. En yoga également, il s’agira pour chaque pratiquant de prendre en considération sa propre constitution, ses limitations, son âge, la saison de l’année et les heures de la journée durant laquelle il ou elle pratique. Enfin, l’Ayurvéda, comme le yoga, nous invite à être nos propres médecins et professeurs, et à remettre tout en question. Il est communément admis que sans expérience il n’y a pas de véritable apprentissage ni d’évolution. Comme l’a dit le maître B.K.S. Iyengar, une référence dans le monde du yoga :
En quoi le yoga et l’Ayurvéda diffèrent-ils ?
Dans le schéma védique classique, l’Ayurvéda est le seul système védique développé spécifiquement à des fins de guérison. Le yoga quant à lui, nous l’avons vu, constitue une pratique spirituelle.
Le terme sanskrit pour désigner le « traitement », ou la « thérapie », est chikitsa. Les manuels ayurvédiques tirés des textes anciens comme Caraka, Sushruta et Vagbhatta contiennent tous des sections appelées chikitsa sthana, ou « section relative au traitement » ainsi que des sections complémentaires comme nidana sthana, « section relative au diagnostic », et sharira sthana, « section relative à l’âme incarnée », qui traite de l’anatomie et de la physiologie du corps physique.
L’Ayurvéda aborde tous les aspects de la médecine, y compris l’alimentation, les plantes médicinales, la chirurgie, le travail corporel et établit ses propres procédures cliniques, comme le panchakarma (un traitement de détoxification et de réjuvénation en 5 étapes spécifique à l’Ayurvéda). Il comprend également des rituels, des mantras et des méditations qui visent à guérir l’esprit. Il donne aussi des recommandations quant au mode de vie à adopter pour être en bonne santé, stimuler la longévité et éviter les maladies.
Les contenus des textes de yoga, quant à eux, sont repris dans des sections telles que Samadhi Pada, « section relative au Samadhi ou à la méditation profonde », Sadhana Pada, « section relative à la pratique spirituelle », Vibhuti Pada, « section relative aux pouvoirs yogiques », et Kaivalya Pada, « section relative à la libération ». L’exploration yogique de la conscience, les énergies subtiles du prana et de l’esprit, et divers types de pratiques spirituelles sont tous interconnectés. Les textes yogiques relatent des discussions sur la méditation, la concentration, les mantras, les rituels, le pranayama, les asanas mais tout cela dans le cadre de la pratique spirituelle, pas en tant que thérapie.
Le terme chikitsa n’apparaît pas non plus dans les Yoga Sutras de Patañjali et ne constitue en aucun cas un sujet de préoccupation dans la philosophie du yoga. Celui-ci se concentre sur la quête spirituelle : il s’agit ici aussi de discussions sur le prana, les sens, l’esprit, les nadis et les chakras, le culte des divinités, la discussion du Soi intérieur et de la nature de la conscience, ainsi que les types de samadhi, ou absorption intérieure. On n’y parle ni de maladie, de pathologie, de diagnostic ou de stratégies de traitement en dehors de l’approche de l’Ayurvéda. La maladie est certes abordée brièvement dans certains textes de yoga car elle est considérée comme l’un des principaux obstacles à la pratique du yoga. Mais même lorsque cela se produit, c’est le langage de l’Ayurvéda qui est généralement utilisé.
Contrairement à l’Ayurvéda, le yoga n’est donc, ni à l’origine, ni intrinsèquement, un système médical.
Quels sont les bienfaits de l’Ayurvéda et du yoga sur la santé ?
Ils sont nombreux ! Nous tâcherons de résumer ici les effets bénéfiques de l’Ayurvéda et de la pratique du yoga sur la santé, indépendamment l’un de l’autre et lorsqu’ils sont mis en application simultanément – ces bienfaits se retrouvant alors multipliés.
Les bienfaits de l’Ayurvéda
L’Ayurvéda peut être considéré comme un allié de choix à la médecine conventionnelle telle que nous la connaissons en Occident car il offre des outils de prévention des maladies et répond de manière naturelle à des problématiques de plus en plus courantes dans nos sociétés : stress, troubles digestifs, insomnies ou inflammations, etc. Il vise davantage à identifier l’origine des symptômes plutôt qu’à simplement les soulager ou les faire disparaître.
De manière générale, l’approche de l’Ayurvéda amène chaque individu à mieux comprendre le fonctionnement de son propre corps et l’influence qu’ont sur lui son environnement, son alimentation, son hygiène de vie, ainsi que le cycle des saisons, lui permettant ainsi de devenir acteur et responsable de sa propre santé.
Plus spécifiquement, l’Ayurvéda maintient le système digestif en bonne santé en assurant une bonne élimination des toxines et des déchets en dehors du corps. En Ayurvéda, une bonne digestion est la clé d’une bonne santé : il est essentiel d’équilibrer son feu digestif afin que les aliments soient correctement assimilés et transformés en nutriments pour notre corps. On observe avant tout l’état du feu digestif, appelé agni. Si celui-ci est trop faible, le bol alimentaire stagne dans l’estomac, ce qui entraîne fatigue, accumulation de toxines dans le corps et mauvaise élimination des déchets. Un feu digestif trop fort, par contre, provoquera un trop grand appétit et une digestion acide qui, à son tour, entraînera par exemple des brûlures d’estomac, des remontées gastriques, voire des inflammations. Enfin, si le feu digestif est irrégulier, la digestion se fait difficilement, pouvant entraîner des troubles tels que des ballonnements, des gaz et de la constipation.
De plus, l’Ayurvéda assure une bonne circulation de l’énergie et du sang dans notre organisme. Un bon flux corporel est propice et essentiel à la circulation de notre énergie vitale (prana) et est essentiel en Ayurvéda. Pour favoriser la vitalité et augmenter le prana, il promeut une alimentation fraîche, locale, biologique et de saison et fait appel à des éléments naturels comme l’eau, le soleil et l’air.
L’Ayurvéda nous apprend à la fois à prendre soin de notre corps en lui apportant de l’énergie et de la force, et à équilibrer notre esprit en l’apaisant et en le stabilisant – notamment par la pratique de la méditation. En nous faisant prendre conscience des liens étroits qui unissent le corps et l’esprit, l’Ayurvéda permet de diminuer le stress.
Enfin, la vocation préventive de l’Ayurvéda stimule le système immunitaire, ainsi que nos défenses naturelles, grâce à des rituels d’hygiène de vie qui permettent ancrage, stabilité, repos et détente, ce qui nous amène naturellement à adopter un rythme de vie plus serein et un quotidien plus équilibré.
Les bienfaits du yoga
De nombreuses variantes et différentes disciplines de yoga sont désormais accessibles et de plus en plus populaires partout en Occident, et notamment en France. Certaines se veulent plus douces, lentes ou statiques (comme le yoga nidra ou le yoga Iyengar), d’autres plus intenses et dynamiques (telles que le yoga vinyasa). Néanmoins, toutes ces variantes ont en commun la pratique de postures, la conscience de soi, et la présence « ici et maintenant ».
Le yoga augmente à la fois la souplesse et la force physique : quel que soit votre niveau – contrairement à ce que de nombreuses personnes pensent, il n’est pas nécessaire d’être déjà souple pour commencer – une pratique régulière du yoga nous permet de nous assouplir, progressivement et à notre propre rythme. D’autre part, effectuer et maintenir les différentes postures renforce les différentes chaînes musculaires de notre corps, tant aux niveaux des membres (bras et jambes) que de la ceinture abdominale.
Il améliore également la posture corporelle : conséquence directe du point précédent, le renforcement de notre ceinture abdominale et de notre dos, ainsi que les étirements appropriés permettent à notre colonne vertébrale d’adopter naturellement une posture plus équilibrée et nous nous tenons donc plus droit. De même, en développant une meilleure conscience de notre corps, nous devenons plus attentifs à notre maintien et pouvons éviter d’éventuelles douleurs cervicales ou au niveau des lombaires, si fréquentes de nos jours parmi ceux qui travaillent de longues heures en position assise au bureau.
Le yoga apaise la respiration et diminue lui aussi le niveau de stress : tout comme pour l’Ayurvéda, la respiration est au cœur de la pratique du yoga. On y apprend tout d’abord à en prendre conscience, à l’observer, puis à la travailler et à l’entraîner par le biais de techniques respiratoires spécifiques . Puisqu’il est concentré exclusivement sur la respiration, l’esprit se calme automatiquement. Une pratique régulière permet de revenir à cette conscience plus facilement, à tout moment de la journée, et par là-même, de réduire le niveau de stress au quotidien.
Pratiquer le yoga est bon pour le cœur : il est reconnu depuis longtemps pour sa capacité à baisser la tension artérielle et à ralentir le rythme cardiaque. Un rythme cardiaque plus lent peut être bénéfique pour les personnes souffrant d’hypertension ou de maladies cardiaques, ainsi que pour les personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral. Dans certains cas, le yoga a également été associé à une baisse des taux de cholestérol et de triglycérides et à un meilleur fonctionnement du système immunitaire.
Les bienfaits combinés de l’Ayurvéda et du yoga
Le saviez-vous ? Allier l’Ayurvéda et le yoga décuple les bienfaits de chacun.
Les bienfaits du yoga sur l’Ayurvéda
Incorporer le yoga dans le cadre de l’Ayurvéda ajoute une dimension spirituelle et psychologique à celui-ci et augmente ses effets. En cultivant la conscience de soi, l’individu est plus à même d’identifier ses propres déséquilibres : la pratique du yoga constitue donc un levier idéal dans la quête d’un nouvel équilibre.
Le pranayama est surnommé par certains comme la « médecine interne » du yoga. Ces techniques respiratoires yogiques augmentent le prana, l’énergie vitale, dans le corps. Le pranayama a un impact direct sur les doshas ou les humeurs biologiques de l’Ayurvéda (Vata, Pitta et Kapha). L’impact du pranayama est important sur l’ensemble des conditions physiologiques et psychologiques, et on y a tout particulièrement recours dans le cas d’affections du système respiratoire et du système circulatoire. Par ailleurs, le pranayama renforce l’action des herbes visant à réguler la circulation d’énergie au sein de l’organisme.
Les pratiques dites « internes » du yoga (dharana, dhyana et samadhi), sont également recommandées en Ayurvéda dans les cas de troubles psychologiques. On considère que ces niveaux plus « élevés » du yoga aident l’individu à adopter une attitude et un état d’esprit idéaux pour que l’amélioration de son état ait lieu à tous les niveaux.
Les bienfaits de l’Ayurvéda sur le yoga
L’Ayurvéda offre aux pratiquants de yoga non seulement des conseils alimentaires (à base de plantes et en accord avec l’approche spirituelle du yoga) et de style de vie, mais il leur permet également de concevoir leur propre pratique sous une nouvelle lumière.
En effet, l’Ayurvéda révèle quels sont les asanas (postures) et formes de pranayama (techniques de respiration) les plus appropriés pour chaque individu en fonction de sa constitution ayurvédique.
La pratique des asanas devient dès lors d’autant plus efficace et plus proche de sa vocation originale, puisqu’elle ne se limite plus seulement à un exercice physique – comme nous avons tendance à le concevoir en Occident – et qu’elle incorpore dès lors la purification des toxines aux niveaux physique et mental, ainsi que la régulation du flux du prana, l’énergie vitale. Intégrer l’Ayurvéda dans sa pratique du yoga permet alors de déployer son plein potentiel.
Allier Ayurvéda et yoga : comment maximiser le potentiel de notre pratique ?
Les asanas réveillent la sagesse naturelle du corps, agissent sur les glandes et, de cette façon, sur le psychisme. Leur pratique fait circuler les énergies des éléments, en l’occurrence du feu, de l’air et de l’éther afin d’équilibrer les énergies de la terre et de l’eau. C’est pourquoi il est intéressant d’adapter sa pratique en fonction non seulement de son (ou ses) dosha(s) mais aussi des saisons car elles aussi ont un impact sur notre équilibre et nous affectent tous.
Quelles sont les postures de yoga qui équilibrent le dosha Pitta ?Un excès de Pitta (composé des éléments air et feu) peut provoquer une surchauffe de l’organisme et un tempérament coléreux, tout particulièrement en été. Il s’agit alors d’effectuer des postures de yoga permettant au corps de s’aligner correctement afin qu’il puisse évacuer ces énergies de feu et s’apaiser. Les postures douces et calmes sont particulièrement indiquées, ainsi que celles permettant d’étirer les organes Pitta, en particulier l’estomac et le foie. Il convient d’éviter les postures debout qui réchauffent et de favoriser les flexions en avant. Les postures idéales pour équilibrer le dosha Pitta sont donc : la posture de l’étirement intense ou de la cigogne (Uttanasana), la posture du lacet (variante de Gomukhasana), la posture du demi-papillon (variante de Badha Konasana), la posture du sphinx (Ardha Bhujangasana) ou encore l’enchaînement des salutations à la Lune (Chandra Namaskar). Il est conseillé de les pratiquer le matin et de maintenir le corps bien hydraté.
Quelles sont les postures de yoga qui équilibrent le dosha Vata ?Le vent et le froid de l’automne tendent à provoquer un excès du dosha Vata (combinaison des éléments air et éther), qui se reflète en nous par un état mouvementé et agité. Pour nous rééquilibrer, nous avons alors besoin de postures qui nous aident à nous ancrer et qui régulent notre système nerveux, comme les postures assises, couchées, inversées et les flexions en arrière. Par exemple : la posture de la chaise yogique (Utkatasana), la posture du guerrier (Virabhadrasana II), la posture de la déesse (Deviasana), la posture du triangle étendu (Utthita Trikonasana), la posture du papillon (Badha Konasana), la posture de l’Ouest ou de l’étirement du dos (Paschimuttanasana), la posture de la charrue (Halasana) et la torsion allongée (Jathara Parivartanasana). Celles-ci peuvent être pratiquées aussi bien le matin que le soir.
Quelles sont les postures de yoga qui équilibrent le dosha Kapha ? Tout le monde a tendance à voir son dosha Kapha (combinaison des éléments terre et eau) se déséquilibrer lorsque l’hiver arrive. Le froid, la pluie et la neige nous poussent à une sorte de léthargie : l’excès de Kapha alourdit notre corps et le fait fonctionner au ralenti. Il convient alors de pratiquer des postures qui nous réchauffent le corps et dynamisent notre esprit. Pour cela, rien de tel que les salutations au soleil (Surya Namaskar), les postures du guerrier (Virabhadrasana), du pont (Setu Banda Sarvangasana), la posture de la planche ou « du bâton à 4 pieds » (Chaturanga Dandasana), du bateau (Paripurna Navasana), ainsi que l‘équilibre sur la tête (Sirsasana). Ces postures peuvent être pratiquées le matin ou le soir (dans ce cas, soit à jeun, soit une fois la digestion terminée).
Artcile Source Ayu'in
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